Après une belle saison estivale, les vins de Savoie commencent à peiner des fermetures des restaurants et du ralentissement de l’activité hivernale en stations, saison cruciale pour les vignerons.
“On n’avait pas eu depuis longtemps une aussi belle saison de neige et la fréquentation en montagne est au rendez-vous – Il y a même du monde sur les pistes et dans les stations – mais nous n’en profitons pas, déplore le directeur des vins de Savoie Alexis Martinod. La situation est préoccupante car la montagne fait vivre à l’année de nombreux villages à partir d’une économie qui a mis 70 ans à se mettre en place”. Les derniers chiffres enregistrés pour la fin 2020 ne sont guère rassurants : “Pour le seul mois de novembre, les vignerons ont enregistré 50% de pertes (hors négoce qui maintient mieux ses ventes en grandes surfaces) et le bilan s’annonce pire pour décembre”. D’autant que le secteur réalise 60% de son chiffre d’affaires de novembre à février. Un point de fragilité indéniable même si les vignerons tentent de diversifier les circuits de distribution, notamment l’export. “On pensait que les expéditions à l’international étaient de l’ordre de 5 à 10% mais avec les chiffres affinés des Fraudes, nous nous sommes rendus compte qu’on ne dépassait pas 4 à 5% des 16 millions de bouteilles vendues par an”, principalement aux Etats-Unis et en Belgique, dans une moindre mesure au Japon avec les blancs, en Scandinavie avec les effervescents.
Coup de projecteur en région
En attendant de poursuivre les actions de promotion à l’international, les vins de Savoie entendent appuyer la consommation locale qui dispose d’une belle marge de progression. “Une bouteille sur cinq est vendue dans la région mais on pourrait tabler sur une bouteille sur deux en améliorant notre image et en faisant découvrir notre production. Car hélas, les Savoyards connaissent mal leurs vins qui souffrent encore d’a priori”. Des affichages sur Chambéry et Annecy ont donné un coup de projecteur vinicole pour les fêtes, accompagné de quelques bandeaux dans la presse locale en soutien également avec le CHR pour inciter à profiter davantage de la vente à emporter. L’interprofession présidée par Pierre Viallet réfléchit à de nouvelles actions avec les cavistes pour le printemps et surtout avec les restaurateurs locaux, de nombreux établissements n’ayant pas encore de vins de Savoie à leur carte.
Reste à développer également les ventes au caveau pour accompagner les vignerons. Ils ont déjà pu bénéficier de deux formations cet été et à l’automne pour professionnaliser l’accueil. “On constate de plus en plus d’investissements dans les caveaux mais il faut aussi travailler le discours, la pédagogie, comment partager l’histoire du domaine…” L’interprofession a, pour cela, pris en charge les compléments des organismes de formation afin de limiter les coûts pour les vignerons. Actuellement 180 d’entre eux font de la vente directe, une majorité dispose d’un caveau. La plupart ont fait des relances clients via leurs fichiers pour inciter les visiteurs à venir en précisant qu’ils restaient ouverts pendant les confinements. “Cet été, les Bauges ont été envahis par les promeneurs, autant des locaux que des touristes, et les ventes directes ont explosé, reconnait Alexis Martinod. L’activité jusqu’à fin octobre nous avait presque fait passer à travers les gouttes de la crise ; il ne va pas en être de même cet hiver”. Les vins de Savoie (à 70% blancs) attendent donc avec impatience le printemps pour accueillir de nouveaux visiteurs et participer à la Cheese and Wine Week de Paris prévue du 6 au 12 avril prochain.
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