C’est une histoire d’amitié qui est à l’origine de la naissance de Bel Canto. Jean-Paul Maurel revient d’Afrique après 8 années dans des affaires d’import de véhicules, il cherche à se lancer dans un nouveau projet et, entre deux réflexions, fréquente un bar voisin de son domicile, dans le 14ème arrondissement de Paris. C’est ici qu’il rencontre Jacques de la Bussière et sa bande de complices étudiants, gourmands de fêtes et qui l’entrainent dans leur sillage.
Bientôt, Jean-Paul Maurel se retrouve en Limousin et, avec les encouragements de son nouveau cercles d’amis, reprend un bar qui bientôt devient restaurant et pizzeria et rencontre très vite le succès notamment par sa programmation chaque weekend de concerts de rock alternatif.
La réputation du lieu grandit et Jean-Paul Maurel devient même tourneur pour des groupes venus de toute l’Europe et qui sillonnent la région avec enthousiasme.
Jacques de la Bussière, certain du talent de son ami pour gérer sérieusement un lieu festif, lui propose de revenir à Paris et de s’associer avec lui pour un nouveau projet au concept original. Identifiant parmi leurs connaissances des fanatiques de séries télévisées, leur première idée est de créer un rendez-vous dédié à ce genre, une sorte de restaurant-club ou, entre deux projections, chacun pourrait analyser, disséquer telle ou telle scène et retrouver d’autres passionnés avec qui partager la soirée.
Jean-Paul Maurel découvre aussi différents concepts dans la capitale. Au Dômarais, un restaurant près de l’Hôtel de Ville, il y a un pianiste et une chanteuse lyrique qui, tout en respectant quelques codes classiques et un peu guindés, viennent ponctuer les diners. Et puis, dans le quartier de la Bourse, cette atmosphère étonnante à le Hollywood Savoy, où, dès la fin du service, serveurs et serveuses deviennent musiciens et reprennent gaiement tous les standards pop. On lui raconte aussi une maison en Espagne où gastronomie et musique classique font bon ménage et qui connait un succès grandissant.
Les questions compliquées de droits de diffusion pour les séries TV amènent alors Jean-Paul Maurel et Jacques de la Bussière à revoir leur projet. En unissant toutes les idées remarquées et en les complétant de leur esprit inventif, ils écrivent le projet Bel Canto, où gastronomie et chant lyrique sauront se marier et où les serveurs deviennent chanteurs au fil de la soirée, créant surprises et souvenirs.
Reste à trouver un lieu et à construire une équipe. Sur le quai de l’Hôtel de Ville, le restaurant Miravile du chef Gilles Épié ferme ses portes et cherche un repreneur. La situation est parfaite et un accord est rapidement trouvé. Mais pour trouver des musiciens et des chanteurs, l’affaire s’avère un peu plus compliquée.
Jean-Paul Maurel et Jacques de la Bussière passent des annonces un peu partout et auditionnent, avec l’aide d’un pianiste confirmé, pour trouver ceux qui accepteront de jouer le jeu qu’ils ont imaginé. Car c’est une petite révolution dans le milieu. Sortir du cadre des théâtres, suivre un répertoire imposé et participer au service d’un restaurant sont des nouveautés auxquelles les artistes ne sont pas toujours prêts…
Mais la persévérance et l’enthousiasme des deux associés emportent le tout et, au début de l’été 2000, le Bel Canto Paris ouvre ses portes. L’entreprise démarre doucement, attirant quelques voisins curieux puis, à la suite d’un entrefilet de 4 lignes dans le journal Libération, un appel va changer le destin du projet.
C’est TF1 qui veut réaliser un sujet pour le journal de Claire Chazal. 4 minutes à l’antenne suffisent ainsi à propulser l’adresse en un rendez-vous incontournable de la capitale. Bientôt, les journalistes défilent puis les chefs d’entreprise des plus grandes sociétés. L’effet boule de neige est exceptionnel qui encourage les deux associés à ouvrir, moins d’un an plus tard, une autre adresse dans le 14ème arrondissement. Célébrités, personnalités du spectacle et de la télévision s’attablent au Bel Canto et goûtent à ce cabaret d’un nouveau genre. Et en septembre 2004, dans cette formidable dynamique, un nouveau Bel Canto se découvre aussi à Neuilly.
L’envie est alors d’exporter le concept. Jean-Paul Maurel et Jacques de la Bussière revendent le Bel Canto du 14ème arrondissement et partent pour Londres, au cœur de la City, en 2008. Mais l’accueil britannique est plus froid qui oblige à un déménagement, soutenu par un investisseur malaisien, au cœur du Corus Hotel Hyde Park.
L’établissement trouve alors son rythme de croisière et les fondateurs peuvent transmettre la gestion avec sérénité. Après la disparition de Jacques de la Bussière, Jean-Paul Maurel continue désormais de diriger les établissements de Paris et de Neuilly. Attentif à la qualité de la cuisine comme à la sélection des artistes, soucieux de faire connaitre ses maisons au plus grand nombre et à révéler la beauté et le caractère festif de la musique classique, il garde cette même ferveur qu’à l’origine du projet pour en faire aujourd’hui encore certainement l’un des plus singuliers.
L’expérience Bel Canto
Une première visite au Bel Canto est toujours synonyme de surprise. Une fois passée la porte, avoir été accueilli avec un large sourire et déposé ses affaires au vestiaire, on traverse un décor chaleureux d’où se détachent quelques détails, ici un costume de scène, là une affiche ancienne. Un élégant piano à queue attire le regard, bientôt un musicien vient caresser son clavier. Installé sur une belle table nappée joliment éclairée d’une élégante petite lampe, ne reste qu’à parcourir la carte et se laisser porter vers un joli moment gourmand.
Pourtant, quelques minutes plus tard, la jeune femme qui avait pris soin de prendre la commande pour un apéritif vient d’attaquer un air tout droit issu du Don Giovanni de Mozart.
De l’autre côté de la salle, un ténor lui répond et tout à coup leurs chants occupent tout l’espace. L’esprit est troublé, les sens en émoi et on se prend alors au jeu de savoir qui est qui dans cette maison originale.
Car à peine l’air terminé que l’atmosphère reprend comme si de rien n’était. Au point que l’on se demande un instant si on ne s’est pas laissé porter par un doux rêve. Mais toutes les quinze minutes, le scénario se répète, avec une troupe de 4 chanteurs (soprano, mezzo-soprano, baryton et ténor) qui se mêle à la chorégraphie du service pour interpréter quelques extraits d’un répertoire attachant.
Après Mozart, c’est Verdi, puis Rossini, Bizet peut-être, Puccini ou Offenbach encore qui s’invitent auprès des tables.
Percevoir ainsi de la vibration des cordes vocales et sentir toute la puissance du chant est une source d’émotions fortes et de frissons certains. Et le festival de sensations ne s’arrête pas là puisqu’entre chaque air, on profite aussi de la dégustation de mets délicats, tous préparés maison, en fonction des produits les plus nobles de la saison. Sur la carte des vins, les flacons se choisissent en clin d’œil à leurs caractères, en parallèle de celui des chanteurs : légers comme les sopranos, puissants et complexes comme les altos, puissants comme les barytons ou souples et ronds comme les mezzo-sopranos. A côté des menus, caviar, blinis maison et une sélection de grands crus sont même aussi disponibles pour marquer l’instant de saveurs en bouche inoubliables. Ainsi se déroule la soirée, dans un esprit de fête des sens, parfois parsemée d’incontournables, comme le Brindisi, plus connu sous le nom du Libiamo, extrait de La Traviata de Verdi.
Sur le rythme d’une valse, la troupe encourage alors tous les convives à célébrer l’amour et le plaisir de boire autour d’une coupe de prosecco. Et là se révèle tout le bonheur de l’expérience de Bel Canto, celui d’un cabaret original et rayonnant où, autour d’un repas savoureux, on vient à fredonner cette musique qu’il nous semble avoir toujours connue, qui évoque des souvenirs et rappelle que l’art lyrique n’est certainement pas réservé à une élite ou synonyme de codes poussiéreux et guindés.
Sans prétention, sinon de faire les choses bien, tant en cuisine que pour le spectacle, l’équipe de Bel Canto entraine ainsi tous les soirs ses hôtes dans une symphonie joyeuse, une fête des sens que l’on a plaisir à renouveler régulièrement et surtout à partager, pour le simple plaisir de voir les yeux de ses amis s’écarquiller, étonné face à ce concept inattendu et unique.
Originalité
Jean-Paul Maurel l’explique encore aujourd’hui : « Je n’aurais jamais pu ouvrir un lieu sans un concept original ». Et c’est bien tout ce qui fait l’identité de Bel Canto, un cabaret différent où l’esprit de la fête vit continuellement. Ici, avec quelques surprises et un programme renouvelé chaque soir, le projet est simplement de vivre un moment ensemble, de bien manger, de bien boire et de profiter de belles musiques. De quoi profiter d’un langage universel autour du plaisir, tout simplement.
Transmission
Car toute l’identité singulière de Bel Canto repose sur un socle de rigueur et d’exigence. Pour les cuisiniers, travailler au rythme d’un véritable spectacle est un défi quotidien. Pour les artistes, savoir s’adapter à de nouveaux partenaires chaque soir, gérer le trac, s’adapter rapidement à de nouveaux rôles est une aventure extraordinaire. C’est la magie de tout ce travail qui permet une rencontre inoubliable. A l’heure où chacun cherche à vivre des expériences, Bel Canto est une solution idéale, de celles que l’on sait pouvoir partager avec l’assurance d’offrir un souvenir rare.
Qualité
Pour autant, Bel Canto n’est pas à prendre comme un repère d’amateurs braillant ou une sorte de karaoké autour de la musique classique. Il s’agit ici de partager et transmettre une passion pour l’art lyrique et la gastronomie, avec parfois une dose de pédagogie et surtout la possibilité d’échanger directement avec des artistes de haut niveau. Et diffuser le sens du beau au plus grand nombre.
Mathéo Castanheira, Chef exécutif
Âgé de 34 ans, Mathéo Castanheira dispose d’un riche parcours culinaire entre mer et terre, qui lui permet de s’imposer petit à petit sur la scène parisienne.
A 15 ans, il commence une alternance de 2 ans chez Ferrandi aux côtés de François GrandJean où il apprend la rigueur, la précision et la dextérité. Il fait la rencontre de Jean Paul Maurel à 17 ans où il prend le poste de second de cuisine au Bel Canto durant 1 an.
En 2008, il prend le poste de chef de partie et second de cuisine chez Marius, où il travaille les produits de la mer et de saisons durant 3 ans.
Le restaurant Chez Géraud en 2011, spécialiste de la cuisine de chasse, fait appel à Mathéo pour devenir second de cuisine. Ici, il apprend à cuisiner la viande de gibier telle que le lièvre, le chevreuil mais également la bécasse ou la perdrix jusqu’en 2015. Entre 2016 et 2022, Mathéo part à la découverte de 5 restaurants en tant que chef exécutif et chef de cuisine à la guinguette de Neuilly, au Goupil, au Jamin, au raisons sociaux ou encore au salon de thé Carrette.
Depuis mi-octobre, le chef reprend les rênes de Bel Canto Paris pour une cuisine plus contemporaine et de saison.
Bel Canto Paris
A quelques pas de l’Hôtel de Ville, sur le quai face à l’Ile Saint-Louis et Notre Dame en vue, voici la façade du Bel Canto Paris, éclatante, rouge et or, toute en verre, et habillée de quelques formes élégantes en fer forgé. Les stores et les rideaux intriguent et l’inscription « Les Diners Lyriques » interroge et incite à pousser la porte.
Dès l’entrée, une affiche ancienne de la Scala de Milan attire le regard, bientôt c’est un mannequin paré d’un somptueux costume de scène. Il y a là les premiers indices d’une signature originale tournée vers le monde de la scène et de l’opéra.
Dans les deux salles, au rez-de- chaussée ou au premier étage, l’atmosphère est habillée des couleurs de l’or, du safran et du feu, avec à chaque fois un piano à queue mis en évidence. Sur le plancher, chaises et banquettes rouge évoquent les codes du théâtre tandis que les tables nappées de blanc affirment l’esprit d’un restaurant gastronomique.
Enfin, de charmants éclairages rouge achèvent d’installer une ambiance digne des loges des plus beaux opéras d’Europe. Le temps d’une pause, pour fumer ou se délasser les jambes, une large terrasse, au premier étage, laisse enfin profiter d’une formidable vue sur Notre-Dame et les lumières de la ville.
Le cadre ici est idéal pour se laisser porter par un spectacle total, célébrant le mariage de deux grandes traditions françaises, invitant à table aussi bien les merveilles gourmandes les plus raffinées que les airs d’opéra incarnés par leurs personnages à portée de main et d’oreille, ici la soprano jeune soubrette, le baryton amant meurtri ou encore la séductrice mezzo-soprano dramatique.
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Source et photos © Bel Canto.