Avec sa victoire dans la ville italienne de Brescia en septembre 1921, Bugatti a durablement changé le monde de la course automobile.
Le « Gran Premio delle Vetturette » est en lancé. Sur le Circuito di Montichiari, les voitures de course filent entre les villes de Montichiari et de Brescia. Les pneus crissent, des tourbillons de poussière s’élèvent dans les airs. 60 tours de 17,3 kilomètres chacun. Une énorme pression pour les hommes aussi bien que pour les machines, et aujourd’hui encore, une course légendaire : Les quatre premières places du Grand Prix des Voiturettes sont remportées par des Bugatti Type 13 le 8 septembre 1921, confirmant ainsi l’expertise de la marque de luxe française dans le secteur de la course automobile. Le nom de la Type 13 est encore aujourd’hui « Brescia ».
Pour marquer cet anniversaire, le Bugatti Club Italia a organisé un évènement spécial entre le 12 et le 16 septembre : 40 véhicules historiques Bugatti, dont les types 13, 22 et 23, provenant du monde entier, ont célébré la victoire historique sur les magnifiques routes autour du lac de Garde. La ville légendaire de Brescia était le point de départ et d’arrivée de chaque journée de visite. Depuis plus de 35 ans, le Bugatti Club Italia entretient l’histoire de la célèbre marque de luxe française – bien avant la création de la première super voiture de sport des temps modernes avec l’EB 110 en 1991.
Avec la Type 13 « Brescia », Bugatti sonne en 1921 l’avènement d’un retournement de tendance dans le monde de la course automobile. Cette voiture de sport ouverte, la première en son genre, entraîne la fin des grosses voitures de course lourdes quelques années plus tard à peine. Grâce à sa carrosserie légère, son châssis bien pensé et son puissant moteur, la Type 13 prend dès 1921 une longueur d’avance sur ses concurrentes.
De même qu’Ernest Jules Friedrich. Ce pilote de course et mécanicien français mise depuis longtemps sur la Type 13, avec laquelle il a remporté la célèbre course du Mans l’année précédente. À Brescia, dans la catégorie Voiturettes, il effectue tour après tour, concentré, prend les virages avec précision et rapidité et est le premier à franchir l’arrivée, devant ses coéquipiers Pierre de Vizcaya, Michel Baccoli et Pierre Marco.
Le terme voiturette désigne des voitures de course légères et agiles. Exactement le genre de véhicule que Bugatti propose avec la Type 13. 490 kilogrammes seulement, moteur quatre cylindres 1,45 litres de 40 ch au départ, puis, plus tard, de 50 ch. Ce biplace ouvert peut rouler à une vitesse atteignant 150 km/h et permet une grande vitesse dans les virages grâce à sa structure légère et à son châssis précis. Dans le modèle Type 13, fabriqué à partir de 1910, Ettore Bugatti a rassemblé ses idées et a continué à affiner la technologie au cours des années qui suivent, se concentrant sytématiquement sur une structure résolument légère et une grande qualité de fabrication.
Le premier moteur quatre soupapes dans une voiture
À partir de 1914, le moteur est doté de 1,35 litres de cylindrée et à partir de 1919, pour la première fois, d’une culasse à quatre soupapes pour un échange des gaz plus rapide. Le quatre cylindres atteint ainsi une puissance de 30 ch. Afin d’obtenir un couple élevé, Bugatti utilise pour la première fois du métal blanc pour le palier de vilebrequin et les pistons, de même qu’une pompe à essence et une pompe aspergeant d’huile les pièces spécifiquement sélectionnées. Une boîte de quatre vitesses faciles à passer rend au conducteur le changement de rapports plus aisé.
À partir de 1921, Bugatti augmente la cylindrée, la faisant passer à 1,45 litres, le vilebrequin des voitures de course suivantes est équipé de nouveaux roulements à billes qui tournent encore plus facilement et génèrent moins de frottements. Dans le même temps, Bugatti augmente le taux de compression du moteur et le débit du carburateur, et opte pour un double allumage à magnéto pour deux bougies par chambre de combustion. Le moteur de compétition assure ainsi une combustion puissante à des régimes élevés atteignant 4500 tours/min. Remplaçant les lourdes roues en bois, des roues à rayons légères réduisent les masses non suspendues et augmentent l’agilité du véhicule. En bref, la Type 13 devient une référence dans le monde du sport automobile. Puissante, rapide, nerveuse. Tel un pur-sang.
Dans les années 1920, les véhicules Bugatti remportent presque toutes les compétitions auxquelles ils participent. Les voitures de course légères et puissantes de Molsheim sont particulièrement pensées pour les courses de côte ou sur routes irrégulières, et restent ainsi le plus souvent imbattables.
Après sa quadruple victoire à Brescia, la manufacture française vend 711 exemplaires du modèle Type 13 « Brescia » avec sa culasse à quatre soupapes, ainsi que 388 véhicules dont le moteur est équipé d’un vilebrequin à rotation facile grâce à son roulement à bille. Tous les véhicules à quatre soupapes suivants portent même officiellement le nom de Brescia, en souvenir de ce succès extraordinaire. Bugatti continue de mettre en œuvre le concept de la Type 13 avec d’autre longueurs de véhicule, comme avec la Type 15, la Type 17, la Type 22 et la Type 23. Au total, Bugatti aura vendu environ 2000 exemplaires du modèle Type 13, fabriqué à Molsheim jusqu’en 1926.
La Bugatti Type 35 augmente le palmarès
La Type 35 est fabriquée depuis 1925 et prolonge la série des succès Bugatti. Dans les années qui suivent, elle devient la voiture de course ayant remporté le plus de succès de tous les temps avec plus de 2000 victoires. Parmi celles-ci, elle remporte en Sicile, de 1925 à 1929, cinq fois de suite la Targa Florio, une des courses les plus difficiles de son époque, et marche avec cette prestigieuse réussite dans les pas de son prédécesseur, comme lui-même à Brescia quelques années plus tôt.
Source et photos © Bugatti.