Pascal Garbe, jardinier-paysagiste amateur de bonne cuisine, défend l’idée d’un nouveau jardin à la française, cultivé avec des plantes à la fois belles et goutues.
Auteur de nombreux ouvrages et président de plusieurs jurys de concours internationaux à travers le monde, Pascal Garbe, jardinier-paysagiste amateur de bonne cuisine, défend l’idée d’un nouveau jardin à la française, cultivé avec des plantes à la fois belles et goutues.
A Gorze, non loin de Metz, derrière sa maison, ce directeur des jardins fruitiers de Laquenexy, vitrine horticole du département de la Moselle, effectue des tests avec ses plantations, chapeau noir vissé sur la tête.
Là il essaye des agastaches, une herbacée pouvant servir de condiment, ici des oxalis une sorte de petits trèfles au goût acidulé. Il discute ensuite des saveurs avec quelques-uns de ses amis grands chefs, parmi lesquels Michel Bras (Laguiole/Aveyron) ou Olivier et Hugo Roellinger (Cancale/Ille et Vilaine).
Pascal Garbe, 51 ans, s’enthousiasme vite. Il peut ainsi aussi vanter le goût de l’hémérocalle, dont il « existe de nombreuses variétés », de l’oseille sanguine aimant « les terres fraîches » ou de ce lotus « si envoutant ».
« Je m’émerveille de tout ce que je vois et de tout ce que je goûte », affirme celui qui a signé une vingtaine d’ouvrages depuis les premiers en 1995. Il s’agissait alors de sept livres édités avec le journaliste et ponte du jardinage, Didier Willery. Un huitième à quatre mains est en préparation pour 2021: « Toutes les plantes belles et comestibles ».
Jardin planétaires
L’enfant d’Argoules, près d’Abbeville (Somme), embauché à Metz après un diplôme d’architecte paysagiste obtenu en Belgique pour un poste au Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de la Moselle (jusqu’en 2004), a très vite l’idée d’écrire. En 1993, il propose une rubrique « la fourchette et le râteau » à un magazine de jardinage. Elle durera trois ans.
« L’objectif était de vérifier si les cuisiniers s’intéressaient vraiment aux jardins comme ils l’affirmaient », explique-t-il. C’est ainsi qu’il rencontrera ses premiers grands chefs.
Australie, Asie, États-Unis… Depuis la fin de ses études, cet hyperactif, marié et père d’un garçon de 18 ans, n’a jamais arrêté de voyager. « D’aller voir les jardins de la planète ».
A force, il se fait remarquer. Et en 2006 sa carrière bascule: il devient le premier non anglophone membre du jury du concours international de jardins de Singapour.
Alors son statut évolue, d’autres concours font appel à lui: Johannesburg, Philadelphie… Plus tard, il est promu à la présidence de ces mêmes jurys. Ou obtient celle de la Coupe du monde du jardinage au Japon (2014).
Plus récemment, il a reçu un autre honneur: un siège au conseil d’administration de l’un des plus beaux domaines de Grande-Bretagne: le Great Dixter Charitable Trust, une vénérable institution du Sussex. En plein Brexit, « ma nomination a été commentée », admet-il, avec le sens de litote.
« Sa force est d’avoir su voyager, d’avoir été très bon en relations publiques », constate M. Willery, auteur de 34 ouvrages sur le jardinage. « La plante, c’est ma compagne, ma complice. Pour lui, il y a une notion de saveur », ajoute-t-il, toujours heureux d’aller chez son compère où on reçoit un « accueil quatre étoiles, trois pour la cuisine et une pour l’amitié ».
Lettre du destin
Sa réussite, M. Garbe l’analyse comme un plat à trois ingrédients: du travail, « énormément », du talent, « un peu », et la chance d’avoir « été au bon moment avec les bonnes personnes ». « Dans les jurys, j’ai dû bien faire mon boulot ».
« J’ai été nourri de gens qui m’ont conforté dans mes idées », ajoute-t-il, allusion au défunt botaniste et pharmacien Jean-Marie Pelt, avec qui il a travaillé, ou encore à ses amis non cuisiniers et qu’il cite avec emphase: « Michel Fugain, Yves Duteil… »
D’ailleurs, comment détermine-t-on une carrière? Cuisine ou jardin, l’enfant Garbe auquel son grand-père avait confié 1 mètre carré de son potager à cultiver, a longtemps hésité. Finalement, la lettre en provenance de l’école de jardinage acceptant sa candidature une semaine avant celle de l’école hôtelière a décidé pour lui..
Que serait-il si l’inverse s’était produit? « Cuisinier avec un très beau jardin », répond-il. « Étoilé ou pas, je n’en sais rien, c’est pour ça qu’il faut savoir saisir sa chance ».
Source ETX Studio/AFP – Photo © Jean-Christophe Verhaegen / AFP.