« Finir cette sombre année sur une note positive et festive, c’est notre défi », explique à l’AFP le chef Serge Vieira, initiateur d’un Nouvel An gastronomique à huit mains, proposé avec deux autres grandes maisons: en tout, sept étoiles sur la table du réveillon.
« Comment faire passer un moment exceptionnel à nos compatriotes malgré la situation si difficile, le couvre-feu, la reprise de l’épidémie ? On ne pouvait pas terminer l’année comme ça. L’idée m’est donc venue de fédérer les talents d’autres chefs amis. Ils ont aussitôt adhéré », se réjouit-il.
C’est ainsi que Régis et Jacques Marcon, triplement étoilés au Guide Michelin à Saint-Bonnet-Le-Froid en Haute-Loire, Christophe Roure, deux étoiles et Meilleur Ouvrier de France à Lyon et M. Vieira lui-même, Bocuse d’or 2005 doublement étoilé à Chaudes-Aigues dans le Cantal se sont unis pour offrir ce repas de fête: un menu en quatre services à 80 euros par personne, signé par ces trois illustres maisons.
Ce menu du Nouvel An sera disponible à emporter dans les trois restaurants mais aussi dans des points de retrait de la région Auvergne-Rhône-Alpes, de Clermont-Ferrand à Aurillac et à Saint-Genest-Malifaux près de Saint-Étienne,
« Nous souhaitons continuer à être des passeurs d’émotion, à maintenir le lien avec nos clients et permettre de faire découvrir notre cuisine à de nouveaux. Nous sentir utiles, surtout. Cela prend encore plus de sens aujourd’hui… Cette petite parenthèse gastronomique, espérons-le, permettra de bien clôturer 2020 », poursuit Serge Vieira.
Même si le chef, comme tous ses confrères restaurateurs, étoilés ou non, s’attend à un début d’année encore difficile et reste « très sceptique » sur la réouverture des restaurants le 20 janvier, comme annoncé.
D’autant que pour lui, cette date coïncide avec sa période de fermeture annuelle.
Un seul menu, trois chefs
« Le pire, ce serait un nouveau +stop and go+. Rouvrir et être obligé de fermer quelques semaines plus tard. Rouvrir un restaurant, cela coûte très cher. Et si c’est pour le refermer… ».
« Nous, comme tous nos confrères restaurateurs, avons déjà tellement perdu avec les deux confinements », relève le chef qui propose déjà quatre jours par semaine un menu bistrot à 22 euros à emporter ou à livrer. Son épouse et lui-même assurent les livraisons. « On apprend le métier de chauffeur-livreur », plaisante-t-il.
Le repas du 31 décembre pourra être commandé en ligne sur le site des établissements et par courriel pour le restaurant de Régis et Jacques Marcon.
Au menu, pour faire saliver d’avance les gourmets: truite légèrement fumée en gelée, fines pousses et chantilly verveine (Régis et Jacques Marcon); Saint-Jacques fraîches, raviole de potimarron acidulée, beurre monté et râpé de truffe noire (Christophe Roure); volaille fermière rôtie, gnocchis de pomme de terre et châtaigne, salsifis au citron confit (Serge Vieira)…
Les toques blanches se sont transmis leurs recettes et les respectent scrupuleusement. Seul, le dessert du réveillon reste à la discrétion de chaque chef. « Moi, ce sera du chocolat », annonce M. Vieira.
« La période est angoissante pour tout le monde, même les jeunes enfants maintenant connaissent le mot coronavirus ! C’est pourquoi, j’ai particulièrement pensé à eux et propose cette année une bûche de Noël très ludique, avec des licornes… ».
« Notre avenir est lié au comportement des gens. Alors, respectez les mesures barrière et faites attention, même en famille et même au Nouvel An » pour ne pas vivre un autre confinement, lance-t-il.
Source ETX Studio/AFP – Photos © Jacques Demarthon / AFP.