Sur Facebook, la blogueuse voyage Jenny Diab a créé un groupe pour « toutes ces femmes qui ont besoin de conseils ou d’aide pour voyager ».Sur Facebook, la blogueuse voyage Jenny Diab a créé un groupe pour « toutes ces femmes qui ont besoin de conseils ou d’aide pour voyager ».
En solo, en couple, en groupe, en France où à l’autre bout du monde, cet été, on vous raconte ces nouveaux périples qui émergent de notre monde en mutation. Dans ce premier épisode, zoom sur le voyage au féminin en solo… mais ensemble. Grâce à un groupe Facebook, des femmes francophones s’entraident, s’accompagnent et se lient d’amitié à travers le voyage. Un moyen de se rassurer pour mieux se lancer.
« Mon premier voyage en solo se fait cet été. Avant, je n’osais pas partir ». Alix, 25 ans, s’apprête à voyager quatre jours sur le GR34. Un trip en solo sur un sentier de randonnée qui longe la côte littorale bretonne. Depuis trois ou quatre ans, elle est inscrite sur le groupe Facebook « Voyager au féminin en sac à dos ». Elle lit, regarde des témoignages et des photos de milliers de femmes qui partagent leurs expériences de voyage. Son cas n’est pas isolé : comme elle, de nombreuses femmes passent le cap du voyage en solo, mais à plusieurs.
Créé en avril 2016, le groupe réunit « toutes ces femmes qui ont besoin de conseils ou d’aide pour voyager », déclare Jenny Diab, fondatrice du groupe Facebook et blogueuse voyage. En 5 ans d’existence, ce groupe réservé uniquement aux femmes a atteint 88.000 membres venues demander conseils et recommandations pour s’informer sur des destinations ou trouver des partenaires de voyage. Car se lancer nécessite un temps de digestion, d’appréhender la solitude et de sentir en sécurité. En 2020, près de 78% des femmes n’ont jamais tenté de voyager seules, selon un sondage Ifop-Tourlane*, pour des questions de sécurité, mais aussi par peur d’être seule.
Le sas de décompression pour se lancer ensuite en solo a été un voyage 100% féminin en Laponie organisé par Jenny Diab et l’agence de voyages Worldway. Une semaine en plein hiver à enchaîner des activités menées par la blogueuse. « C’était un voyage structuré”, se souvient Coralie, 28 ans. « Tous les jours, on faisait des activités : balade en chiens de traineaux, en motoneiges, admirer les aurores boréales. C’était une colo pour adulte ».
Alix a également participé à l’un des voyages dans la région finlandaise. Ces nouvelles rencontres lui ont permis d’ouvrir sa vision sur le voyage. « J’avais peur de m’ennuyer en partant seule en voyage. Quand je suis partie en Laponie, je ne connaissais personne et nous avons créé des liens très forts. Je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison que ça ne se reproduise pas ».
Sororité, amitié, sécurité,
Audrey, 41 ans, se rappelle qu’elle n’a jamais voulu voyager seule à 20 ans de peur qu’il lui arrive quelque chose. Aujourd’hui, ces « peurs sont infondées », selon elle. « Quand on voit tous les témoignages, les vidéos de youtubeuses, on constate quand même que ce n’est pas forcément dangereux de voyager quand on est une femme ». Pourtant, même si aucune statistique n’existe à propos des violences commises sur des femmes voyageant en solo, « il est établi que les femmes courent dans l’espace public des risques auxquels ne sont pas exposés les hommes, dans leur pays mais pas seulement », déclare Phumzile Mlambo‑Ngcuka, directrice exécutive d’ONU Femmes dans Courrier International.
Grâce au groupe Facebook de Jenny Diab, les femmes peuvent discuter entre elles selon les projets de voyage, s’accompagner ou faire un bout de chemin ensemble. Les informations qu’apportent les membres du groupe sont « une mine d’or » et font émerger une culture d’entraide et de communauté. « Mon fils est au Brésil en ce moment et à cause de la pandémie, explique Audrey, je bataille avec le consulat pour qu’il revienne. Jenny m’a donné des informations pour lui transférer de l’argent en toute sécurité ». Simple et efficace : le groupe permet de rester en contact « pour aider les filles en galère ».
« Quand j’organise un voyage, je mets un mot sur le groupe. A chaque fois j’ai des dizaines de réponses en très peu de temps. C’est un gros carnet de voyage », explique Christelle, 26 ans, partie en Laponie en janvier 2020. Le carnet d’adresses virtuel tisse des amitiés bien réelles. « Récemment, je suis partie dans les Landes. J’ai écrit aux filles sur le groupe et l’une d’elles était dans le coin. On s’est revue ».
Aujourd’hui, l’artisane de 41 ans conseille de ne pas se laisser paralyser par la peur, la seule chose qui peut freiner de voyager. « Les technologies permettent d’avoir énormément d’informations, de créer du lien et d’avoir un contact si jamais ». « Il n’y a plus d’excuses », déclare-t-elle en rigolant.
*Étude quantitative réalisée en ligne par l’institut de sondage Ifop pour Tourlane auprès d’un échantillon national représentatif de 1 056 femmes âgées de 18 ans et plus.
Source ETX studio – Photo © South_agency / Getty Images.