Jean Rédélé a vite perçu le potentiel d’une marque automobile, qu’il veut construire sur des principes de base simples : une auto d’une conception innovante, équipée d’une mécanique simple mais compétitive, sous une carrosserie légère et attrayante, en utilisant un maximum de pièces de série pour pouvoir obtenir un prix de revient et un coût d’entretien faibles eu égard aux performances.
Le second principe développé par Jean Rédélé est de « booster » son activité nationale par la cession de licences à l’international. La SARL « Société des Automobiles Alpine » est créée le 25 juin 1955 et, début juillet, Jean Rédélé présente lui-même trois coachs A106 (A comme Alpine et 106 par référence à la mécanique 1062 des 4 CV, qui lui sert de banque d’organes). Le premier est bleu, le second est blanc, le troisième est rouge. Tout est dit. « Une auto française pour faire briller les couleurs tricolores sur les routes et dans les compétitions. Le 6 octobre 1955, Jean Rédélé lance officiellement sa marque et ses voitures à l’occasion du 42ème Salon de l’Automobile de Paris.
La « Société RDL », créée par Jean Rédélé et basée à Dieppe, a passé commande d’un cabriolet à Giovanni Michelotti et le reçoit début 1957. Le style de ce cabriolet aux lignes pures et simples va marquer définitivement Alpine.
En 1958, l’A106 évolue en A108. D’abord avec l’ancienne plateforme et ensuite, à partir de 1960, avec le châssis poutre, une réelle innovation, véritable secret de l’agilité des Alpine. Après deux cent cinquante et une autos produites, le coach, puis le coupé cèdent leurs places au cabriolet et à la berlinette.
Le mythe est en train de naitre
Equipée d’un moteur de Dauphine Renault, l’A108 va rapidement donner naissance à l’A110 qui bénéficie de la Renault 8 comme banque d’organes. Avec l’A110, le succès commercial est atteint. La production des A110 est en constante progression, les victoires en rallye s’accumulent, les succès des Prototypes au Mans rendent Alpine célèbre (« Le litre d’essence le plus vite du monde ») et Henri Grandsire, champion de France F3 sur Alpine, incarne Michel Vaillant à la télévision où il pilote des Alpine-Vaillant !
L’A110 évolue régulièrement. D’abord avec un moteur 1 108 cm3, puis 1 255 cm3, puis 1 565 cm3, puis 1 605 cm3. Esthétiquement, les modifications sont mineures mais nombreuses : calandre quatre phares, ailes élargies, radiateur avant, poussoirs de porte, jupe arrière démontable etc… jusqu’en 1977, dernière année de production (1600 SX avec un moteur de 1647 cm3).
La berlinette aura été produite à environ 7 500 exemplaires et aura brillé sur tous les « terrains de jeux » où elle était engagée (rallye, circuit, rallycross, course de côte, course sur glace etc…).
D’Alpine à Alpine Renault, de 1973 à 1995
Le succès grandissant d’Alpine porté par la berlinette A110 oblige Jean Rédélé à créer une seconde unité de production à Thiron-Gardais (Eure et Loir). Jean Rédélé est confronté à un accroissement des commandes de berlinettes que l’atelier de l’avenue Pasteur ne peut satisfaire. L’usine de Thiron-Gardais va donc produire des châssis et caisses assemblées, peintes et garnies d’A110 qui sont ensuite transférées à Dieppe par camion pour y recevoir leur mécanique.
Animée par un collaborateur dieppois, Daniel Vue, cette unité sera opérationnelle jusqu’à son rachat par Renault. En parallèle à cet accroissement de capacité industrielle, Jean Rédélé a imaginé une toute nouvelle auto : l’A310, présentée au Salon de Genève 1971. Cette voiture, dessinée par Jean Rédélé lui-même a pour vocation d’asseoir la marque dans le domaine des voitures de Sport et de Grand Tourisme. Gardant l’empattement traditionnel de 2,27 mètres (comme sur la Porsche 911), cette auto est une réussite d’équilibre esthétique. Pour elle, Jean Rédélé va créer un nouveau site industriel : l’usine de l’avenue de Bréauté, à Dieppe.
Mais l’A310 et la nouvelle usine dieppoise vont être victimes de la crise pétrolière de 1973 avec pour conséquence une baisse sensible des volumes de vente. L’A310 va pourtant évoluer régulièrement et trouver son marché. Après le quatre cylindres 1 605 cm3 de 140 CV en 1971, elle dispose de l’injection dès 1974 puis, à partir de septembre 1976, est dotée du moteur V6 2700 cm3 de 150 CV prélevé sur la Renault 30 TS. En 1981, elle bénéficie du train arrière de la nouvelle Renault 5 Turbo. Après avoir été produite à plus de 11 600 exemplaires (2 340 exemplaires en version quatre cylindres et 9 287 en version six cylindres), elle tire sa révérence et s’efface au profit de la nouvelle GTA en 1985.
Entretemps, la Renault 5 Alpine a été lancée avec succès. Elle sera produite à 56 000 exemplaires en version « atmosphérique » de 1976 à 1980 et à 23 000 exemplaires en version « turbo » de 1981 à 1984.
La nouvelle GTA (Grand Tourisme Alpine) est très innovante dans son procédé de fabrication. La carrosserie en polyester est « collée » au châssis lui procurant ainsi une rigidité exceptionnelle. Outre cette décisive innovation technologique, l’auto est dotée d’un coefficient SCx record qui lui permet d’allier performance et sobriété dans un confort absolu. Dotée initialement d’un moteur de 2 849 cm3, qui développe 160 CV, la GTA croise à plus de 230 km/h. Quelques mois plus tard, une version turbo fait son apparition sur le marché. Elle offre 200 chevaux et permet à l’auto, la plus rapide de la production française, d’être qualifiée par la Presse d' »avion de chasse de la route ».
Elle donne naissance à deux rares versions. D’abord l' »Europa Cup » (non homologuée pour la route) destinée à courir en « lever de rideau » des Grand Prix de Formule 1 entre 1985 et 1988 (69 exemplaires).
Ensuite, la version « US », à phares rétractables, destinée à être exportée aux U.S.A. dans le cadre des accords commerciaux et industriels avec « American Motors », filiale de Renault aux USA.
En 1989, la version « Mille Miles » – hommage aux premières Alpine victorieuses de Jean Rédélé – est proposée en série limitée numérotée (cent exemplaires). Puis, en 1990, la version « Le Mans » – autre hommage aux victoires d’Alpine aux 24 Heures – est proposée avec une mécanique V6 Turbo dépolluée.
En 1990, l’A610, équipée d’un moteur turbo de 2 963 cm3, est proposée à la clientèle sportive européenne. Excellente routière, elle bénéficie d’un comportement dynamique digne d’éloges et reconnu comme tel par une Presse unanime. Toutefois, elle peine un peu à trouver sa clientèle et malgré la série spéciale « Magny Cours », elle disparait du catalogue fin 1995 après 818 exemplaires produits.
Jean Rédélé a toujours fait confiance à Renault. Grâce à cette entente, les voitures produites à Dieppe se sont appelées Alpine-Renault dès la fin de 1967, date à laquelle la marque de Jean Rédélé a été chargée de représenter officiellement Renault en compétition. Les Alpine arborent désormais le losange Renault sur leur capot et les liens économiques sont de plus en plus étroits. Finalement, en 1973, ils sont concrétisés par une prise de participation de Renault à hauteur de 70% dans le capital d’Alpine.
Désormais la Nouvelle Société Alpine est gérée sous forme de Société Anonyme avec Directoire et Conseil de Surveillance.
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Source Alpine – Photos © fournies gracieusement par Alpine.