Le weekend dernier j’ai décidé d’aller visiter le duché du Luxembourg. Le Luxembourg n’est qu’à 2H20 de Paris Gare de l’Est en TGV.
J’ai programmé un dîner au restaurant « Ma Langue Sourit », le plus grand du Luxembourg et le seul avec deux étoiles au guide Michelin.

Le duché du Luxembourg ne compte pas moins de dix restaurants étoilés (Ma Langue Sourit**, à Moutfort; Guillou Campagne*, à Schouweiler; Fani*, à Roeser; Mosconi*, à Luxembourg-Ville; Léa Linster*, à Frisange; La Distillerie*, à Bourglinster et Ryôdô*, à Luxembourg-Ville, La Villa de Camille et Julien*, à Luxembourg-Ville; Eden Rose *, à Kayl et Apdikt*, à Steinfort.).
Situé à un peu plus de 12kms de la capitale du grand-duché, le restaurant « Ma Langue Sourit » a l‘apparence d’une vielle auberge. Avec ses 2 étoiles, sa place dans le top 100 des restaurants mondiaux sur la Liste 500 avec la note de 95,50 et ses 18,5 sur 20 dans le dernier guide Gault&Millau, le restaurant est un repère pour les gastronomes. J’ai dû utiliser mes connaissances pour obtenir une table tant cette institution affiche complet presque tous les jours.
Ma belle table m’attend et de suite je suis accueilli par le couple français Anne-Sophie et Cyril Molard, les propriétaires de cet iconique établissement luxembourgeois.
« Nous croyons très fort dans le partage. C’est pourquoi nous voulons aussi faire profiter nos collègues luxembourgeois du succès atteint par notre restaurant, » explique le chef. « Depuis plusieurs années nous nous investissons de façon importante dans des collaborations avec nos amis restaurateurs du pays mais aussi avec des producteurs locaux qui nous livrent des produits d’une qualité exceptionnelle. Cette interaction nous permet de s’enrichir mutuellement, de découvrir de nouvelles choses et de contribuer à l’épanouissement culinaire de toute une région. »
J’ai cette année eu la chance de manger dans de beaux étoilés mais ce restaurant d’une capacité d’une trentaine de couverts est plein de convives. A écouter les différentes tables autour de moi, il y a beaucoup d’américains. Le chef en personne vient me présenter la carte. Il me propose de prendre le menu Meraki en 4, 6 ou 8 services. Sagement, je décide de prendre la formule à six (180€ : 3 entrées, attente, poisson ou viande, dessert). Meraki vient du mot grec moderne μεράκι / meráki : faire quelque chose avec son âme, avec créativité, ou avec amour !

Pour les vins je sélectionne un Pomerol Château Lacroix 2015 qui s’avère un excellent choix.
Le chef raconte que c’est en entendant une petite Julie, 4 ans, dire après avoir mangé sa mousse au chocolat, « Ma Langue Sourit », qu’il a décidé de nommer son restaurant.
Depuis 2008, les Molard ont ouvert ce restaurant situé à Moutfort. Avant cette ouverture, Cyril a été pendant huit ans chef exécutif de l’Hôtel Le Royal au Luxembourg (5 étoiles).
Dès la première année, le restaurant obtient une étoile au Guide Michelin. Avant cette aventure, Cyril Molard a travaillé aux côtés de quelques grands noms de la gastronomie – André Lenormand à Orléans, Guy Krentzer à Paris, Emmanuel Renaud à Londres puis Megève.

Le restaurant a fait peau neuve en novembre 2017 et en 2018 une seconde étoile a été décernée à « Ma Langue Sourit ». Cyril Molard a été élu Meilleur chef de la décennie en 2020 et le restaurant vient de fêter les six ans de deux étoiles au Guide Michelin.
Les amuse-bouche arrivent et je me dois de prendre en photo cette composition qui me met l’eau à la bouche et l’envie de démarrer ce festin qui m’attend.

Le premier plat est la betterave – tonka – caviar – citron qui lance divinement cette expérience gastronomique. L’idée de marier betterave et caviar est une idée de géni !

La deuxième entrée est le Joyau des mers – brocoli – cresson – chlorophylle. Ce plat d’Ormeau est haut en couleur est absolument divin. Du goût à revendre et une douceur en bouche pleine d’émotions. L’ormeau est un coquillage rare, typique de Bretagne.

La dernière entrée est le Homard au foie gras, poireau et orange. Une délicieuse composition pleine de saveurs et également un ravissement pour les pupilles. De formation charcutier, traiteur, Cyril Molard a débuté auprès de différents traiteurs de Lorraine et de Paris (Marcotullio, traiteur Lenormand…) et cela se voit et se sent dans ce plat.

Après ces trois entrées, le chef a préparé un plat intitulé En attendant qui est un haddock, pomme de terre et ail des ours. A ce moment le chef vient me rendre à nouveau visite pour me dire que le plat de résistance allait arriver.
J’en profite pour lui demander d’où lui viennent toutes ses inspirations et idées de réalisations. Sa réponse « je travaille et réfléchis beaucoup dans ma cuisine ! ».
Avant la viande, l’une des chefs de rang vient me présenter une sélection de couteaux afin que je puisse choisir celui qui va me donner le privilège de couper ma volaille. C’est le coutelier Léon Depireux à Gembloux en Belgique qui les a fabriqué. Il a acheté les lames à Laguiole et à confectionné les couteaux dans son atelier. Il récupère les petits bois d’un Luthier qui est également à Gembloux. Le chef Cyril Molard a décidé de faire graver sur la lame l’espèce de l’arbre sur chaque couteau !
La Pièce de volaille fumée, carotte, kumquat et clémentine arrive. C’est un simple blanc de volaille 3* cuit à la perfection au goût sublime et le mariage avec le kumquat et la clémentine font de ce plat une merveille.

L’option plateau de fromages est proposée mais mon appétit me fait passer directement au dessert.
Le Calisson, rhubarbe, amande et chocolat blanc. Je ne suis pas trop dessert mais ce dernier rivalise avec les plus grands desserts des meilleurs pâtissiers de l’hexagone. La couleur rose bonbon de ce dessert fait penser aux macarons et en bouche, il fond littéralement!

La passion de la famille Molard et leur équipe en salle et en cuisine pour le goût et pour l’art de recevoir permet aux convives d’embarquer dans un voyage rempli de découverte culinaire de textures et de gourmandises. Si vous avez la chance de venir découvrir ce restaurant, laissez-vous emporter dans cette délicieuse parenthèse enchantée où les assiettes sont équilibrées à la perfection. Vous découvrirez des compositions aussi harmonieuses que gourmandes mariant les textures, les techniques et les saveurs ainsi que le savoir-faire d’un très grand chef français, Cyril Molard.
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Article écrit par Emmanuel Lupé et visuels © « Ma langue sourit » et Emmanuel Lupé.